Immortels by Ednah Walters - Runes - 2

Auteur:Ednah Walters - Runes - 2 [Ednah Walters - Runes - 2]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

***

La Jeep d’Eirik avait disparu du trottoir devant chez moi. Mon père était assis dans la cuisine, tout seul, les pieds sur la table et un verre à la main. Il n’avait pas retiré sa tenue de cuisinier. Dans cette position, il avait une vue imprenable sur la maison de Torin, ainsi que son allée. M’avait-il aperçue avec lui tout à l’heure ? Sans doute.

— Ça sent bon par ici, dis-je en jetant un œil dans le four.

Le rôti était posé sur un lit de légumes croquants. En accompagnement, un grand plat ovale garni de petites pommes de terre rouges dorait sur la grille du bas.

— … et ça a l’air bon aussi.

— Goûte la soupe et donne-moi ton avis, dit-il.

Je pris une cuillère dans le tiroir, soulevai le couvercle de la casserole sur la cuisinière et prélevai un peu de sa fameuse soupe à l’oignon – un autre de mes plats favoris. Je levai les deux pouces en signe d’approbation avant d’aller chercher une bouteille d’eau dans le réfrigérateur. Un plateau d’œufs mimosas couvert d’un film plastique se trouvait sur l’étagère du milieu. Ouah, il s’était surpassé.

— Mets la table pour dix et appelle-nous quand nos invités commenceront à arriver, dit-il en se levant lentement.

Il s’étira en gémissant.

— Dix ?

— Ta mère est passée rendre visite aux parents d’Eirik tout à l’heure. Ils vont se joindre à nous.

Le dîner venait brusquement de perdre tout son intérêt. J’avais dû faire la grimace, car papa eut un petit rire, mais se garda de tout commentaire. Je détestais manger avec les parents d’Eirik, même si les recevoir était comme une tradition familiale chez nous. Au moins, ce soir, Torin serait là.

Je dressai la table et me précipitai à l’étage pour me changer. Maman insistait souvent pour que l’on fasse un effort de toilette lors de ses dîners. Le haut émeraude était flatteur et j’adorais qu’il soit assorti à mon vernis à ongles. Je troquai mon jean pour des collants noirs et une jupe noire, puis enfilai des bottes à talons qui m’arrivaient à la cheville. Du mascara, un peu de gloss prune, et j’étais prête. Mes cheveux étaient toujours aussi parfaits que tout à l’heure.

En bas, Eirik arriva juste au moment où je descendais. Bien habillé pour l’occasion, il était très beau. Si Cora pouvait le voir…

— Tu es splendide, dit-il en me serrant dans ses bras.

— Toi aussi. Où sont tes parents ?

— Ils arrivent. Tu les connais. Quand on dit dix-neuf heures, ils arrivent à dix-neuf heures frappantes, pas une seconde plus tôt, ni plus tard.

Il tira sur le col de sa chemise.

— Pourquoi faut-il toujours s’habiller pour ces stupides dîners ?

— La tradition.

Quand nous étions petits, nous nous empressions de manger avant de nous esquiver tandis que nos parents s’attardaient à table.

— On pourrait peut-être leur dire qu’on va au cinéma après le repas pour filer à l’anglaise, suggérai-je.

— Je ne suis pas d’humeur pour un film, grommela-t-il.

Il s’avança d’un pas traînant dans la salle à manger que nous utilisions rarement, sauf pour ce genre d’occasion.

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